Blog | HPRG Quartett de Heiner Müller par Robert Wilson avec Isabelle Huppert au Théâtre de l’Odéon à Paris du 28 Septembre au 2 Décembre 2006. – Hotels Paris Rive Gauche Blog

Quartett de Heiner Müller par Robert Wilson avec Isabelle Huppert au Théâtre de l’Odéon à Paris du 28 Septembre au 2 Décembre 2006.

Heiner Müller, en adaptant Les Liaisons dangereuses dans une vingtaine de pages de dialogue, a produit l’une des pièces les plus tranchantes de la fin du XXme siècle.



Pascal Victor

«Quand j’écris sur un thème quelconque, c’est seulement le squelette qui m’intéresse. Ici, ce qui m’a intéressé, c’est de dégager la structure des rapports entre les sexes telle que je la tiens pour réelle et de détruire les clichés, les refoulements», «Chaque phrase, ou une phrase sur deux, ne montre que la partie émergée de l’iceberg, et ce qu’il y a en dessous ne regarde personne.» Heiner Müller

QUARTETT
de HEINER MULLER
mise en scène, scénographie, lumières ROBERT WILSON
musique originale MICHAEL GALASSO

du 28 septembre au 2 décembre 2006
au Théâtre de l’Odéon

avec ISABELLE HUPPERT, ARIEL GARCIA VALDS, et Rachel Eberhart, Philippe Lehembre, Benot Marchal

Quartett en quelques mots

De ce bref et extraordinaire épisode de la guerre des sexes à la fois duel amoureux, combat de grands fauves, joute verbale et jeu de masques d’une ironie et d’une cruaut sans gales , Robert Wilson avait proposé, il y a quelques années, une vision àl’élégance pure, dont les silences aiguisaient encore l’éclat cristallin du texte. Il y revient aujourd’hui, suscitant une rencontre d’interprètes qui est elle seule un évènement : Ariel Garcia Valds dans le rôle de Valmont fera en effet face une Marquise de Merteuil qu’incarne Isabelle Huppert.

Informations pratiques:

Représentations
Du mardi au samedi 20h.
Le dimanche 15h.

Location : 01 44 85 40 40
Location ouverte pour les représentations du 28 septembre au 31 octobre
Ouverture de la location le 3 octobre pour les représentations du 1er novembre au 2 décembre

ODEON THEATRE DE L’EUROPE
Théâtre de l’Odéon
Entrée du public : place de l’Odéon
75006 Paris

Métro : Odéon
RER : Luxembourg
Bus : 21, 27, 38, 58, 63, 84, 85, 86, 87, 89, 96
Parkings : rue Soufflot, place St Sulpice, rue de l’école de Médecine


Pascal Victor


Pascal Victor

Pour toute information complémentaire, vous pouvez consulter le site du Théâtre de l’Odéon:
Théâtre de l’Odéon

Propos de Robert Wilson sur Heiner Müller:
Peut-être que nos corps bougent plus vite que nos pensées. C’est cela qui m’intéresse : produire des expériences avec des corps dans des espaces, des expériences qui peuvent interagir avec les mots de Heiner Müller, mais qui ne se laissent pas anticiper, raconter ou résumer. Et puis d’ailleurs les pièces de Heiner ne sont pas des matches de ping-pong, du genre : « – Bonjour ! – Comment ça va ? – Bien, merci. – Qu’est-ce que tu as fait hier soir ? – Oh j’ai bu de la vodka » et ainsi de suite, des situations faites de questions et de réponses. Dans l’écriture de Heiner Müller, on n’a pas forcément besoin de personnages définis. On pourrait monter Quartett avec cinquante personnes ou tout aussi bien le traiter comme un monologue. J’y ai d’ailleurs songé un certain temps. J’ai fait Hamlet-Machine avec une quinzaine d’interprètes, je pourrais le refaire avec deux. Tout est ouvert.Site de Robert Wilson.

Note sur le décor de Quartett par Daniel Loayza :
A l’exception d’un élément de mobilier placé non loin du cadre côté jardin, la scène est d’abord dissimulée par une toile peinte à sujet mythologique, inspirée d’un tableau de Franz Wouters (1612-1659) conservé au Musée des Beaux- Arts de Dole. Une fois levé, ce rideau révèle un plateau dont la géométrie rigoureuse paraît au contraire nous projeter dans un temps qui reste à venir (on songe à la brève note dont Heiner Müller a fait suivre la liste des personnages de sa pièce, et qui le dispense de toute indication relative au lieu de l’action : « Période / Un salon d’avant la Révolution française / Un bunker d’après la troisième guerre mondiale »)Un rideau léger, mobile et presque transparent la traverse de part en part selon l’une de ses diagonales. Au fond, un cyclorama referme et isole l’espace. Des différents éléments mobiles disposés ici et là, trois attirent particulièrement l’attention. Le premier est un canapé dont la courbe excessive paraît faite pour épouser celle du bras féminin appuyé sur lui ; ce canapé s’effile sinueusement comme pour prolonger le geste de ce bras en lui donnant l’acuité mortelle d’un couteau. Le second est une chaise disproportionnée – bien trop haute, trop raide et trop étroite pour avoir jamais pu réellement servir de siège ou de trône – qui peut évoquer aussi bien la relique d’une culture depuis longtemps disparue que le socle d’une sculpture de Giacometti. Enfin, quelques poissons se croisent en silence dans le mince intervalle confiné entre deux plaques de verre formant paroi, comme autant d’animalcules livrés à l’examen d’un gigantesque et invisible microscope.

Extrait de la Quartett: La Marquise de Merteuil (interprété par Isabelle Huppert)
Valmont. Je la croyais éteinte, votre passion pour moi. D’où vient ce soudain retour de flamme. Et d’une passion si juvénile. Trop tard bien sûr. Vous n’enflammerez plus mon coeur. Pas une seconde fois. Jamais plus. Je ne vous dis pas cela sans regret, Valmont. Certes il y eut des minutes, peut-être devrais-je dire des instants, une minute c’est une éternité, où je fus, grâce à votre société, heureuse. C’est de moi que je parle, Valmont. Que sais-je de vos sentiments à vous. Et peut-être ferais-je mieux de parler des minutes où j’ai su vous utiliser, vous si remarquable dans la fréquentation de ma physiologie, pour éprouver quelque chose qui m’apparaît dans le souvenir comme un sentiment de bonheur. Vous n’avez pas oublié comment on s’y prend avec cette machine. Ne retirez pas votre main. Non que j’éprouve quelque chose pour vous. C’est ma peau qui se souvient. À moins qu’il lui soit parfaitement égal, non, je parle de ma peau, Valmont, de savoir de quel animal provient l’instrument de sa volupté, main ou griffe.
Quartett, de Heiner Müller, d’après Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (traduit de l’allemand par Jean Jourdheuil et Béatrice Perregaux, Paris, Minuit, 1982, pp 125-126)