Nous avions adoré notre dîner au Sergent Recruteur en juin 2013 et lorsque nous avons su que deux membres de l’équipe avaient “déserté” pour ouvrir leur propre lieu, nous avons voulu tester au plus tôt.

Nous sommes arrivés à 20h30 et avons senti un petit vent de panique. Le restaurant est très petit avec un seul serveur pour une vingtaine de personnes. Lorsque nous arrivons quelques tables viennent de s’installer avec, ô malheur, une table de 9 convives.

La décoration est d’une très grande sobriété, très… beige et assez neutre et banal. Peut-être pour que nous nous concentrions sur nos assiettes ? ? Par contre, nous remarquons quelques détails raffinés comme les couteaux Nontron et des verres d’une très grande finesse, très agréables.

Comme je l’ai dit précédemment, c’est un peu la panique. Le serveur nous installe mais la carte n’arrive pas, ni de l’eau, ni du pain, et ce pendant au moins dix minutes alors que le serveur fait des allers-retours sans cesse, souvent avec les mains vides.

Et puis la carte arrive enfin, avec du pain.

Le restaurant propose un menu unique de quatre ou six plats à 45€ ou 60€, ce qui ne semble pas excessif. Nous faisons le test en demandant  une variante végétarienne, cela ne pose aucun problème même si cela semble compliqué pour le chef. Nous commandons du vin pétillant donc le serveur parle avec précision. Le pain est excellent, trop excellent…

Comme il n’y a pas de choix de plats à faire, le serveur repart et nous attendons le premier plat. Et nous attendons, et nous attendons et nous mangeons beaucoup de pain… 45 minutes après notre arrivée, la première entrée est servie, des pommes de terre de l’île de Ré et une mousse d’aubergine fumée ( baba ghanoush) et du navet sauce teryaki et des pousses de salade et d’herbes aromatiques. La présentation est splendide et le baba ghanoush excellent.

Le plat petit mais fin se termine rapidement. Par contre, le service ne suit pas. À 21h45, une heure et quart après notre arrivée et beaucoup de pain, le deuxième plat arrive – courgettes d’Albenga, émulsion s’olive, salade d’herbes et feuille capucine. Encore une superbe présentation mais peu de saveur.

Il est 22h15. On est assis depuis presque deux heures, et seulement deux plats sont arrivés et trois corbeilles de pain englouties. Le troisième est enfin servi – dorade grise de Saint-Gilles, vinaigrette cidre-colza, asperges sauvages, concombre d’Île de France grillé et fleurs de fenouil. Ce plat est assez insignifiant, seules les asperges sauvages et les fleurs de fenouil apportent un petit intérêt. Le poisson est inexistant.

Nous commençons à comprendre que nous allons attendre 30 minutes entre chaque plat. La grande table de neuf personnes rend un service fluide impossible pour tout le reste du restaurant – avec tant de détails à régler pour chaque plat, et une table qui contient un tiers de tous les clients à elle toute seule, nous n’avons aucuns chance de manger normalement mais par contre nous allons prendre du poids avec tout le pain que nous ingurgitons.

Le quatrième plat arrive à 22h40, et heureusement c’est le plus réussi de la soirée, fait uniquement pour nous – des carottes fanes, un mousseline carotte au safran et miel, betterave du Nil, oignons doux caramélisés et pousses. Il y a une multitudes de saveurs et la surprise vient de la betterave entière rôtie : excellent !

Presque deux heures et demi après notre arrivée, à 22h55 (!) notre premier dessert arrive – une réussite totale. Un cheesecake cassis et groseille, fenouil sauvage, sorbet cassis fromage. Déstructuré, très bon.

Mais il est tard ! Un peu trop tard pour qu’un très bon dessert nous fasse changer d’avis sur le restaurant. Il fait chaud, nous avons mal aux jambes au point d’enlever nos chaussures.

Le deuxième dessert – et tout dernier plat de la soirée – arrive… il est 23h15 tout de même. Surprise ! C’est le même cheesecake encore. En cuisine ils sont tellement perdus qu’ils ne savent plus où ils en sont. Le serveur commence à nous raconter à nouveau la liste d’ingrédients, mais nous l’arrêtons et il reconnaît l’erreur.

Le vrai deuxième dessert arrive rapidement après. Un Baba au saké, fraises mara des bois, glace au sureau. C’est savoureux, mais nous sommes épuisés. Nous n’avons plus de force pour faire une photo… Quel dommage !

Les Déserteurs est ouvert depuis six semaines. Un rodage est sûrement en cours, mais il nous est arrivé exactement la même chose qu’à Dessance il y a quelques mois seulement – une cuisine avec plein de détails de présentation, assez fastidieuse à préparer, une grande table qui ralentit le service, un plat servi deux fois parce que c’est la panique, et trois heures assez fatigantes passées à table.

Ce type de restaurant ne devrait pas accepter de grandes tables ou devrait rajouter une personne en cuisine. Dans tous les cas, un repas servi en trois heures ternit toute l’expérience.

Le restaurant Les Déserteurs (ici) est ouvert le mardi soir, et du mercredi au samedi midi et soir

Téléphone : 01 48 06 95 85

Site web : www.les-deserteurs.com (semble ne pas fonctionner pour l’instant)

Facebook : ici

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